mardi 12 avril 2016

Zarathoustra et l'étatiste

Zarathoustra s’était retiré dans la montagne quand il fut abordé par le Fou. Le Fou parla ainsi.

« O Zarathoustra, écoute ma sagesse et suis à la lettre mes injonctions !
- Ma religion est tellement bonne que je dois te l’imposer, pour te sauver malgré toi !
- Ma solidarité est tellement belle que je dois te voler ton argent pour en faire profiter tout le monde et te rendre moral malgré toi !
- Mon appareil d’État est tellement grandiose que je dois lui donner tous les pouvoirs pour te faire sentir combien tu es faible !
- Ma législation est tellement juste et tellement progressiste que je dois chaque jour la compléter en y ajoutant des centaines de lois et d’articles de lois pour te conduire dans le plus magnifique des dédales juridiques !
- Ma société est tellement bien organisée que tous admirent ma planification impeccable !
- Ma centralisation est tellement efficace que je sais tout sur tous, et que je veille à ce que rien n’échappe à mon regard bienveillant !

Prosterne-toi, ô Zarathoustra, car je suis le Maître des maîtres, le seul dieu dont le cadavre remue encore aujourd’hui, impavide Moloch et Léviathan tout-puissant, je suis ton État ! »

« O Fou, retourne dans ton hospice, je ne doute pas que là-bas, parmi tes congénères, tu trouveras des oreilles plus complaisantes que les miennes, et des échines plus soumises, sur lesquelles tu pourras exercer ton esclavage ! »

Ainsi parlait Zarathoustra et il quitta sa caverne, ardent et fort comme le soleil du matin qui surgit des sombres montagnes, tandis que le Fou repartait rejoindre les siens.

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